Star Wars et la théorie de l’anneau : le chef d’œuvre de George Lucas

15/12/2015.John.0 Likes.0 Comments

Partie II. Sections parallèles: La Menace fantôme et Retour du Jedi

Avec l’aide d’Anne Lancashire, le professeur de cinéma de l’Université de Toronto, nous avons vu, précédemment, que le récit de La Menace Fantôme était basé sur celui d’Un nouvel espoir . Mais, en tant que sections parallèles à la structure d’un anneau, la première section doit correspondre à la dernière section (avec chaque film représentant une section particulière de l’anneau). Cela signifie que La Menace Fantôme doit correspondre au Retour du Jedi. Vraiment? Nous allons le découvrir.

D’abord, voici une description générale de la structure en trois actes pour chaque film. Pour des raisons de compréhension, elle est assez simple dans sa présentation.

SW Table

 

Comme vous pouvez le voir, les similitudes sont assez frappantes. La structure générale des films est pratiquement identique. Car certains éléments de La Menace Fantôme sont inspirés par Un Nouvel Espoir, et ont été placés dans l’épisode correspondant à La Menace Fantôme, dans la composition de l’anneau, c’est à dire Le retour du Jedi.

Dans le DVD des commentaires de l’Episode 1 Lucas explique l’utilisation délibérée de la répétition des motifs tout au long de la saga, pour peut-être nous aider à comprendre la situation dans son ensemble.

C’est une idée musicale. Vous avez un refrain et vous continuez à le répéter encore et encore, en utilisant une instrumentation différente, des tons différents. Il change à chaque fois que vous le réécoutez. C’est la même note jouée différemment. J’ai essayé de faire ça dès la création de Star Wars. Tout comme je voulais faire avec [THX-1138]. Ce ne sont pas trois actes, mais plutôt trois films différents, où chacun raconte la même histoire d’une manière différente. Je suis fasciné par cette idée, c’est une sorte de jazz visuel. Un riff pour chaque idée. Les motifs, visuels cette fois, sont interprétés différemment. Beaucoup de choses se passent dans ces films. J’aime l’idée de motifs cycliques qui surviennent encore et encore. 1

Donc, en se basant sur l’analyse ci-dessus, regardons de plus près le premier acte de La Menace Fantôme ; nous devrions trouver des correspondances avec le premier acte de l’épisode du Retour du Jedi.

Et, il s’avère, que c’est exactement le cas.

Débuts, milieux et fins

Il faut signaler que les exemples suivants ne portent que sur les liens entre La Menace Fantôme et Le retour du Jedi. Il existe également de nombreux liens, certains subtils et moins subtils, qui existent entre les deux épisodes, mais nous y reviendront plus tard. Gardez à l’esprit également que ce qui suit n’est pas exhaustif, et fait aussi appel à l’imagination. Il y a beaucoup d’autres éléments non mentionnés ici, et probablement beaucoup d’autres encore à découvrir. Et je suis impatient de voir ce que les autres fans peuvent repérer.

Prenez, par exemple, les scènes d’ouverture de La Menace Fantôme: Deux Jedi, Qui-Gon et Obi-Wan, sont sollicités afin de rapporter les exigences du chancelier, dans l’espoir de régler un conflit entre la Fédération du commerce et les Naboo. Maintenant, comparez cela aux scènes d’ouverture dans le retour du Jedi: Deux droïdes C3PO et R2D2, sont envoyés pour transmettre le message de Luke Skywalker, dans l’espoir de régler le conflit entre Jabba et Han Solo.

Lucas a pris l’intrigue des deux personnages envoyés pour négocier une sorte d’accord de paix, et les a interprété de deux manières différentes, reliant les films de ce fait. (Lucas utilise le même dispositif narratif à la fois, en présentant les premières parties de chaque film du point de vue de deux personnages.)

Pour aider visuellement à renforcer les liens entre les épisodes, Lucas a permis au Jedi d’entrer dans le cuirassé de la Fédération du commerce, comme un autre Jedi, Luke, pénètre dans le palais de Jabba:

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Vous remarquerez que dans les deux films, des figures mystérieuses encapuchonnées passent une porte similaire, en deux dimensions dans chaque plan. Remarquez également comment les portes sont positionnées sur les côtés opposés du cadre, et s’ouvrent dans des sens opposés, horizontalement dans La Menace Fantôme et verticalement dans Le retour du Jedi.

Et donc, alors que l’arrivée des Jedi dans l’Episode I correspond au point de connexion avec l’arrivée des droïdes de l’épisode 6, la scène d’entrée des Jedi dans le vaisseau ressemble davantage à la scène de Luke arrivant dans le palais de Jabba. Bien sûr, Lucas utilise aussi un élément visuel de l’arrivée des droïdes, quand le droïde ressemblant à C3PO (argent, plutôt que de l’or) salue Qui-Gon et Obi-Wan lorsqu’ils entrent dans le vaisseau.

Cependant l’un des liens les plus notables entre ces scènes initiales est sûrement la ligne de dialogue. Et c’est une phrase qui n’est probablement rien de plus que du fan service: « J’ai un mauvais pressentiment à ce sujet. »

Il faut se souvenir que cette expression bien connue est exprimée à la fois par Obi-Wan dans La Menace Fantôme et C3PO dans Le retour du Jedi, quelques moments après qu’ils aient franchi les portes ci-dessus. Oui, ça peut être un clin d’œil complice aux fans hardcore, mais plus important encore, comme les points de l’intrigue et les images correspondent, c’est un marqueur subtil qui ramène le début de l’anneau à la fin.

Continuons et intéressons-nous à la fin des premiers actes.

A la neuvième minute dans chaque film, il y a une scène qui se déroule dans une salle du trône d’un palais, regroupant un groupe de personnages qui regardent un message holographique.

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Quinze minutes après le début du Retour du Jedi, Leia, déguisée en chasseur de primes, ramène « son prisonnier » Chewbacca à Jabba. Elle a ensuite négocié avec Jabba – en utilisant un détonateur thermique – afin d’obtenir un meilleur prix pour le Wookiee. Peu de temps après, Luke entre dans le palais et marchande avec Jabba pour libérer ses amis capturés. Il essaie d’utiliser une « Ruse mentale de Jedi » sur Jabba et échoue.

Pendant ce temps, à la quinzième minute de La Menace Fantôme, Qui-Gon et Obi-Wan demandent de l’aide au chef Gungan, Boss Nass, afin qu’ils puissent avertir les Naboo d’une invasion imminente. Ayant l’interdiction de partir, Qui-Gon utilise la même technique de Jedi sur Boss Nass pour pouvoir partir en ayant pris le soin de libérer le Jar-Jar Binks capturé. Et cette fois, cela fonctionne.

Les images renforcent une fois de plus sensiblement ces connexions, à la fois Qui-Gon et Luke qui se tiennent devant une créature extraterrestre, et sont cadrés de la même manière, avec la caméra derrière l’épaule de ces derniers.

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Il est intéressant également de souligner que les séquences de Gungan City et du Palais de Jabba représentent des interprétations différentes du même thème mythologique: Le voyage aux Enfers. Et comme cela est habituellement le cas, des créatures monstrueuses se cachent dans ces profondeurs dangereuses.

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Dans Le retour du Jedi, le précieux animal de compagnie de Jabba vit juste en dessous du palais. Dans La Menace Fantôme, les leviathans géants vivent dans les profondeurs aquatiques de Naboo, en dessous du palais de Theed. Les monstres mâchent des créatures infortunées dans les deux films et, comme Lancashire le note avec perspicacité, les deux séquences ont été, au moins en partie, conçues comme des métaphores visuelles de la cupidité/l’appétit primal dans La Menace Fantôme («Il y a toujours un plus gros poisson», observe Qui-Gon )  2 et du contrôle des émotions négatives dans Le retour du Jedi (le monstre est symboliquement appelé Rancor) 3

Après le sauvetage de Han Solo à la fin du premier acte du Retour du Jedi, les forces rebelles se rendent sur la planète Endor, pour détruire le générateur du bouclier déflecteur qui alimente celui de l’Etoile de la Mort. Alors l’assaut de l’étoile de la mort peut réellement commencer. Dans La Menace Fantôme, après le sauvetage de la reine Amidala, les héros voyagent sur Tatooine pour réparer le générateur de l’hyperpropulsion qui alimente leur vaisseau. Et c’est seulement à partir de ce moment là, qu’Amidala peut aller plaider sa cause à Coruscant.

À ce moment de l’historie, dans les deux films, il y a une scène de transition qui introduit un deuxième personnage Sith dans le film. On remarque des similitudes : des coupes transversales, les transitions diagonales (dans le sens opposé) vers les scènes de station spatiale, suivies par des plans intérieurs.

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Pour les deuxièmes et troisièmes actes de La Menace Fantôme et  Le retour du Jedi, on remarque que même si les similitudes se poursuivent, elles ne sont pas toujours tournées en parallèle. Par exemple, dans le deuxième acte de chaque film, il y a une rencontre fortuite avec les indigènes, et, alors, un personnage  « pense avec son estomac. » C’est clairement une correspondance entre les films, mais cet événement se produit au début du deuxième acte dans La Menace Fantôme et au milieu du second acte dans le retour du Jedi.

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Les indigènes ramènent les héros dans leur famille / tribu, offrent un sanctuaire, et finalement les aident dans leur quête. Fait intéressant, les héros prennent le dîner chez l’esclave Anakin dans La Menace Fantôme, alors que dans Le retour du Jedi, les Ewoks prévoient de servir les héros lors d’un banquet en l’honneur de C3PO.

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Et apparemment, aucun détail n’est trop petit pour Lucas. Dans l’épisode 1, Anakin attache l’oeil droit de C3PO. Dans l’épisode VI, une petite créature lui retire.

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La course de pod dans La Menace Fantôme, et la chasse en speeder dans Le retour du Jedi se produisent à la moitié du film dans les deux cas (après environ une heure). Et il y a de nombreux liens visuels entre les deux séquences d’action:

Anakin et Leia pilotent leurs véhicules et effectuent les même manœuvres.

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Et Anakin, comme Luke, sont poursuivis au cours d’une chasse interminable.

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Après être tombé de son speeder bike dans Le retour du Jedi, Leia est découverte par un Ewok nommé Wicket, qui, comme le savent les fans de Star Wars, a été joué par l’acteur Warwick Davis. L’acteur apparaît seulement dans un autre film de Star Wars: La Menace fantôme. Il joue l’ami extraterrestre d’Anakin et un spectateur de la foule lors de la course de pod.

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De plus, après la course de pod, le bras droit de Jabba doit le réveiller pendant sa «sieste». Dans Le retour du Jedi, le même bras droit doit réveiller Jabba, afin de l’alerter de l’arrivée de Luke.

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Anakin et Luke prennent la lourde décision de quitter leurs proches, à peu près au même moment dans chaque film, après environ 75 minutes. Anakin quitte sa mère, afin de trouver sa véritable destinée et devenir un Jedi. Luke, quant à lui quitte sa sœur et ses amis, pour accomplir son destin: affronter Darth Vader et devenir un Jedi. Et par la même, le destin d’Anakin est seulement accompli lorsque Luke réalise le sien.

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Dans Le retour du Jedi, la compassion de Luke pour son père l’amène à se livrer à Vader, dans l’espoir de le ramener du côté obscur. Dans La Menace Fantôme, la compassion d’Amidala pour son peuple, qui souffre sous l’occupation de la Fédération internationale, l’amène à voyager à Coruscant pour plaider en faveur d’une intervention politique.

Toutefois, dans ce cas , elle se livre sans le savoir à Palpatine, qui en tant que Darth Sidious, a passé tout le film à essayer de capturer la reine pour qu’elle signe un traité qui légitime l’occupation. Elle marche tout droit vers le piège de l’ennemi, sans s’en rendre compte.

Palpatine salue élégamment Amidala à son arrivée à Coruscant et dit: «C’est un grand cadeau de vous voir en vie, Votre Majesté » (soulignais-je). Et encore une fois, la scène dans La Menace Fantôme se joue à peu près au même endroit du film dans le retour du Jedi

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Par conséquent, Amidala est manipulée par Palpatine en appelant à un « vote de confiance » pour le gouvernement en place, qui ouvre la voie à Palpatine pour le poste de Chancelier Suprême et ainsi en finir avec la République. Amidala, comme les rebelles du  Retour du Jedi, est tombée dans un piège. (On remarque alors que la scène suivante de La Menace Fantôme aura lieu, de façon assez appropriée, sur un balcon au coucher de soleil à Coruscant.)

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En revoyant Le retour du Jedi à la lumière de La Menace Fantôme, on comprend encore mieux la tentative de l’empereur pour attirer les rebelles dans sa toile. Prenons ces deux échanges entre l’Empereur et Vader dans Le retour du Jedi.

Le premier a lieu lorsque l’Empereur arrive sur l’Etoile de la Mort:

VADER: L’Etoile de la Mort sera achevée comme prévu.

EMPEREUR: Vous avez bien fait, Seigneur Vader. Et maintenant, je sens que vous souhaitez continuer votre recherche sur le jeune Skywalker.

VADER: Oui, mon Maître.

EMPEREUR: Patience, mon ami. à temps il viendra vous chercher. Et quand il le fera, vous devriez l’amener devant moi. Il est devenu très puissant. C’est ensemble que nous pourrons le faire basculer vers le côté obscur de la Force.

VADER: Comme vous le souhaitez mon maitre.

EMPEREUR: Tout se déroule comme je l’ai prévu. 4

Le deuxième échange a lieu plus tard dans le film, lorsque Vader informe l’empereur qu’une poignée de rebelles, y compris son fils, a traversé le bouclier de défense et atterri sur Endor:

EMPEREUR: Ensuite, vous devez aller sur Endor et attendre leur arrivée.

VADER: (sceptique) Viendra-t-il pour moi?

EMPEREUR: Je l’avais envisagé. Sa compassion pour vous sera sa perte. Il viendra vers vous et ensuite vous l’amènerez devant moi.

VADER: (se penche) Comme vous le souhaitez. 5

Nous savons maintenant que tout se déroule comme l’Empereur l’avait prévu dans Le retour du Jedi, parce qu’il a vécu une expérience étrangement similaire dans La Menace Fantôme. Darth Vader n’a plus besoin de parcourir la galaxie pour trouver Luke, comme le faisait Darth Maul avec Amidala, parce que, comme l’empereur l’a su, Luke ira finalement vers Vader, comme Amidala est allée vers Palpatine. Ainsi, dans l’épisode 1, Palpatine apprend le «défaut de la compassion. » Dans l’épisode 6, il l’exploite pleinement.

Après quatre-vingt dix minutes dans  La Menace Fantôme, Anakin est emmené devant le Conseil des Jedi. Au même moment, de l’autre côté de la composition de l’anneau, dans Le retour du Jedi, Luke est amené devant l’Empereur. Remarquez les similitudes entre la tour de l’empereur et le Temple des Jedi, ainsi que l’utilisation de couleurs complémentaires à l’intérieur des lieux.

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La relation entre les deux scènes met l’accent sur un aspect important de Star Wars: reconnaître et contrôler les émotions. Dans La Menace Fantôme, Yoda détecte une grande peur de la part d’Anakin (celle de perdre sa mère), et l’avertit, « La peur est le chemin vers le côté obscur. La peur mène à la colère. La colère mène à la haine. La haine mène à la souffrance. » Dans Le retour du Jedi, Luke est tout près de se tourner vers le côté obscur, lorsque l’Empereur le fait douter au sujet de la sécurité de ses amis (Vader, à son tour, en joue aussi en lui faisant croire que Leia pourrait se tourner vers le côté obscur). Et nous pouvons ainsi voir que la stratégie, derrière le plan machiavélique de l’Empereur pour transformer la peur de Luke en une agression, provient en grande partie des événements de l’épisode 1.

Voici comment: frustrée par l’inaction du Sénat pour résoudre la crise de sa planète, Amidala prend la décision surprenante de retourner sur Naboo. Elle raconte à Palpatine: « Je crains qu’au moment où vous aurez le contrôle des bureaucrates, sénateur, il ne restera plus rien de nos villes, notre peuple, notre mode de vie. » Et en reprenant le vaisseau pour Naboo, la jeune reine-une fervente pacifiste -prend une décision encore plus surprenante: elle va se battre. Non seulement cela, mais elle va aussi à la guerre.

Amidala a laissé ses émotions prendre le dessus, choisissant l’agressivité afin de «reprendre ce qui nous appartient» et transformant les tensions sur sa planète en un conflit à part entière. Rien à voir avec quelqu’un qui « ne cautionnerait pas un plan d’action nous conduisant à la guerre », au début du film. Et tandis que les impulsions d’Amidala peuvent être justes, sa façon de faire n’est pas bonne. Même Darth Sidious, en apprenant qu’Amidala va attaquer, remarque « C’est un mouvement inattendu, venant d’elle. C’est trop agressif. » Et quand il apprend à propos de son armée, il dit, »Elle est plus stupide que je le pensais. »

En approuvant la détérioration de la situation, Amidala a laissé ses émotions obscurcir son jugement. Elle ne réalise pas que la « Bataille de Naboo » est une guerre inutile, avec comme résultat finale une victoire à la Pyrrhus. Sidious a déjà gagné. Toute l’invasion était un plan élaboré pour propulser le sénateur Palpatine à la plus haute fonction de la galaxie. C’est « l’élément principal du film », dit Lucas. 6

Donc, là encore, nous voyons Palpatine observant le comportement de Amidala, et comprenant que la compassion et la peur peuvent être manipulées, à des fins malveillantes. Et c’est exactement comme cela, qu’il poussera Luke à se battre, à la fin de l’épisode du Retour du Jedi. En d’autres termes, La Menace Fantôme est la préparation et Le retour du Jedi l’accomplissement.

Cela mène La Menace Fantôme à son dénouement, où les ressemblances avec Le retour du Jedi sont difficiles à rater. Les deux épisodes comportent de nombreuses batailles se déroulant simultanément: une bataille dans l’espace, une bataille au sol, et un duel au sabre laser. Cependant, il y a des petites différences. Dans Le retour du Jedi, la désactivation du générateur de bouclier au sol permet aux rebelles d’attaquer dans l’espace. Dans La Menace Fantôme, détruire le cuirassé dans l’espace immobilise l’armée droïde sur le terrain.

En outre, les deux films se caractérisent par:

Une société technologiquement avancée par opposition à un peuple plus primitif (relativement parlant, bien sûr)

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Un Sith trouvant la mort en tombant dans un gouffre profond.

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Un Jedi mort (dans les bras) au bord d’un puits sans fin.

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Et un bûcher.

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Sur une note musicale, la lumineuse partition de la joyeuse parade à la fin de La Menace Fantôme, est la version optimiste du thème si sombre de l’Empereur dans Le Retour du Jedi, préfigurant étrangement les terribles événements à venir.

Il y a cependant, de légères ressemblances bien que significatives, entre les batailles finales qui mérite un peu plus d’attention. Dans La Menace Fantôme, comme David Begor le souligne dans son article Bright Lights Film Journal: «l’attaque malavisée d’Amidala sur les forces de la Fédération du Commerce pourrait se transformer en une possible victoire à la Pyrrhus, où le volontaire (dans le cas de l’Armée Gungan et Amidala ) ou bien accidentel (en tant qu’Obi Wan et Anakin) désarmement des protagonistes aura scellé leur sort.” 7

En effet, après le dernier désarmement (Darth Maul envoya le sabre laser d’Obi-Wan dans le puits du réacteur), le plan d’après nous montre Anakin faisant sauter le cuirassé de la Fédération, désactivant tous les droïdes de combat sur Naboo.

Maintenant, si cela vous semble familier, C’est parce que c’est une situation très semblable à celle qui se produit lors du climax du Retour du Jedi.

Sentant que Luke a une sœur jumelle, Darth Vader menace de l’amener vers le côté obscur. Furieux, Luke attaque Vador dans un déferlement de haine et tranche la main mécanique de son père. Il se rend compte alors qu’il devient ce qu’il cherche justement à détruire. Luke refuse l’ordre de l’Empereur de tuer Vador et se désarme lui-même. Les plans suivants nous montre Han Solo sortant en courant du bunker impérial sur Endor, puis la destruction du générateur de bouclier qui défend l’Etoile de la Mort, permettant aux rebelles de l’espace de détruire le poste de bataille et remporter la victoire.

Ces deux cas sont – pour emprunter une phrase du livre de l’analyste jungien Steven Galipeau The Journey of Luke Skywalker:  « des événements très synchronistiques.” 8 La synchronicité, pour ceux qui sont peu familiers avec le concept, est « l’expérience de deux ou plusieurs événements apparemment sans rapport les uns avec les autres, se produisant rarement par hasard, mais pourtant ensemble d’une manière significative.” 9 (Jung once defined it as a “meaningful coincidence.”)

Galipeau écrit la scène dans Le retour du Jedi: «c’est précisément lorsque Luke anéantie la tentative de l’Empereur de l’amener vers le côté obscur, que les forces militaires supposées imprenables sont détruites.” 10. En d’autres termes, à un événement intérieur – Luke atteint un niveau supérieur de compréhension de ses émotions – correspond à un triomphe externe.

Or, malgré  la présence de synchronicité, on ne s’en rend pas compte avant la fin de La Menace Fantôme. En fait, les personnages ne sont pas conscients des dangers réels et potentiels qui existent. Ainsi, la victoire dans La Menace Fantôme (si l’on peut dire, compte tenu de l’arrivée de Palpatine au pouvoir) arrive immédiatement après le désarmement, mais contrairement à Le retour du Jedi, elle est en grande partie accidentelle et finalement de courte durée. Nous apprenons à la fin de la saga, qu’une paix durable réelle et l’harmonie, peuvent être atteintes seulement grâce à la compassion, le sacrifice mutuel, la conscience de soi, et la maîtrise de soi.” [/ref] Ou, comme le dit joliment Begor, « C’est seulement en maîtrisant les méchants qui se cachent entre eux, que ses héros viennent à bout des menaces extérieures. » 11

La fin de La Menace Fantôme, anticipe subtilement la victoire finale à la fin de la saga. Et dans les deux films, le montage, ou plus précisément l’enchaînement des événements, est utilisé pour communiquer un message moral solide sur l’importance de reconnaître et de traiter les émotions négatives, l’agressivité et la violence.

Il est également intéressant de voir comment Lucas transfère habilement les émotions non maîtrisées et l’agressivité des personnages à la fin de La Menace Fantôme. Par exemple: Le Jedi, agissant avec trop d’agressivité, sont vus derrière des champs de force rouge. (Dans l’univers de Star Wars, le rouge est, bien sûr, associé au côté obscur, à la colère et l’agressivité.)

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Après la mort de Qui-Gon, un Obi-Wan en colère et nerveux est placé sur le côté droit de l’écran, de façon évidente, avant d’attaquer férocement Darth Maul, qui est sur le côté gauche de l’écran. Dans le langage d’un film traditionnel, le «méchant» arrive généralement sur le côté droit de l’écran, et se déplace vers la gauche. A l’inverse, le «bon» arrive généralement sur le côté gauche et se déplace vers la droite

C’est sans surprise, que quelques instants plus tard, Obi-Wan est poussé dans un puits, s’accrochant à la vie comme il peut.

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Alors que le vaisseau d’Anakin démarre difficilement dans le hangar de bataille, il dit « on est en surchauffe » (fournissant un bon nombre de commentaires sur les événements) et nous voyons que toutes les lumières sont aux rouge. Puis, juste après que Darth Maul ai poussé Obi-Wan dans le trou, et shooté dans son sabre laser lui évitant de tomber aussi, le navire d’Anakin retrouve soudainement la pleine puissance, et les lumières se mettent au vert. (Dans Star Wars, le vert est fortement associé au côté de la lumière, ainsi que la vie et la paix.)

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Enfin, il serait malavisé de ne pas remarquer peut-être la plus importante ressemblance, qui existe entre La Menace fantôme et  Le retour du Jedi.

Le langage corporel humoristique.

Oui, les fans qui ont dénoncé à la fois le « gag du caca » et celui du « pet » dans un film Star Wars peuvent maintenant trouver un certain réconfort, dans le fait qu’ils devaient servir, au moins en partie, à relier le début de l’anneau à la fin ou plus exactement, l’autre fin. Parce qu’il faut se souvenir qu’il y’a deux « blagues du rot » dans Le retour du Jedi.

C’est agréable de voir que Lucas ne prend pas toute cette affaire trop au sérieux.

Avec tout ça, il est clair maintenant que La Menace Fantôme répond à la fois aux exigences de l’introduction mais aussi des sections parallèles, dans une composition d’anneau pensé par Douglas. Non seulement La Menace Fantôme a été délibérément conçu pour correspondre au Retour du Jedi à travers une série de similitudes complexes, mais plus important encore, l’Episode I met en place la conclusion de la saga comme un récit, et le retour thématique du début, comme on le verra plus en détails plus tard. «Lorsque [la fin] arrive», écrit Douglas, «le lecteur peut la reconnaître comme la fin qui a été prévue dans l’introduction.” 12

Les deux cotés de la Force

Avant de poursuivre, il y a une dernière chose qui mérite d’être mentionnée à propos de La menace fantôme. C’est peut-être passé inaperçu pour beaucoup, mais le film introduit un nouvel aspect dans la notion de la Force. À son niveau le plus élémentaire, il y a deux côtés dans le domaine de l’énergie mystique, la lumière et l’obscurité. Mais au début de La Menace Fantôme, Qui-Gon rend les choses plus complexes quand il dit à Obi-Wan d’être attentif à la « force de vie ». (En fait, Qui-Gon est le seul personnage dans les six films qui mentionne la Force de vie. )

Alors qu’il était un peu vague et ouvert à interprétation, l’utilisation du terme suggère implicitement l’existence d’un autre aspect de la Force, peut-être plus profond,  En effet, cela a été énoncé plus explicitement par Lucas lui-même dans le livre du making-of du film: « La Force se partage en deux parties: la Force de vie et une plus grande, la Force cosmique. La Force de vie qui vous rend sensible à d’autres êtres vivants, qui vous rend intuitif, et vous permet de lire dans les pensées des autres, etc. Mais la plus grande force a un rapport avec le destin. En travaillant sur la Force, vous pouvez trouver votre destin et choisir de le suivre ou non.” 13

La Force de vie est amenée à englober à la fois la lumière et l’obscurité. Et la Force cosmique est amenée à exister au-delà de la Force de vie, c’est à dire au-delà de la simple dichotomie, lumière, obscurité. Encore une fois, comme nous le verrons un peu plus tard, cela a des implications intéressantes sur la composition de l’anneau, et la façon dont nous considérons les films, en fait. Mais pour l’instant, passons à la prochaine paire de films correspondants: L’attaque des L’attaque des clones et L’empire contre-attaque.

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Notes:

  1. George Lucas, “Audio Commentary,” Disc 1, La menace fantôme , DVD, directed by George Lucas (Beverly Hills, CA: Twentieth Century Fox, 2001).
  2. Anne Lancashire, “La menace fantôme : Repetition, Variation, Integration,” Film Criticism 24, no. 3 (March 2000): 36.
  3. Anne Lancashire, “Le retour du Jedi: Once More With Feeling,” Film Criticism 8, no. 2 (January 1984): 57-58.
  4. Lawrence Kasdan and George Lucas,  Le retour du Jedi, Original Movie Script, (Monterey Park, CA: O.S.P. Publishing, Inc., 1994), 36.
  5. Ibid., 61.
  6. Lucas, “Audio Commentary,” La Menace Fantôme DVD.
  7. David Begor, “Defense of the Clones,” Bright Lights Film Journal, November 2002. http://brightlightsfilm.com/38/clones1.php#.U9lUoVanGCs.
  8. Steven A. Galipeau, The Journey of Luke Skywalker: An Analysis of Modern Myth and Symbol, (Chicago, IL: Open Court, 2001), 242.
  9. Wikipedia contributors, “Synchronicity,” Wikipedia, The Free Encyclopediahttp://en.wikipedia.org/wiki/Synchronicity 
  10. Galipeau, Journey, 242.
  11. Begor, “Defense.”
  12. Mary Douglas, Thinking in Circles: An Essay on Ring Composition, Terry Lecture Series, (New Haven: Yale University Press, 2007), 38.
  13. Laurent Bouzereau and Jody Duncan, The Making of “Star Wars: Episode I – La menace fantôme ,” (New York: Ballantine Publ. Group, 1999), 8-9.
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